Espèces exotiques envahissantes (EEE)

    Connaissance, évaluation, surveillance, formation, information, recherche scientifique, accompagnement, prévention, restauration, sensibilisation, animation de réseaux... autour des espèces végétales exotiques envahissantes du territoire...

    Description

    Au rang des 5 principales causes de l’érosion de la biodiversité, les invasions biologiques ont de multiples impacts directs et indirects dont les coûts écologiques, économiques et sanitaires, sont difficiles à évaluer et souvent sous-estimés… 

    En voyageant d’un continent à l’autre, les hommes ont de tout temps véhiculé, volontairement ou non, de nombreuses plantes et animaux. Ce phénomène s’est fortement accentué dans les dernières décennies. Certaines espèces introduites trouvent des conditions favorables à leur développement dans la région d’accueil : elles s’y reproduisent spontanément et finissent par se confondre dans l’écosystème. 

    Photos : Ludwigia grandiflora & Buddleja davidii (M. Vuillemenot) 

    Parmi ces espèces naturalisées, certaines se mettent néanmoins à proliférer de manière spectaculaire au point d’affaiblir l’écosystème d’accueil. On parle alors d’espèces exotiques envahissantes (EEE) ou d’espèces invasives. On estime qu’une espèce introduite sur mille finit par devenir réellement envahissante.

    – DÉFINITION –
    Une EEE est une espèce non indigène ou allochtone, transportée par les activités humaines sur un nouveau territoire hors de son aire d'origine et dont l’introduction dans l’environnement par les humains (introduction après 1492), volontaire ou fortuite, l’établissement et la propagation menacent les espèces indigènes, les habitats naturels et les services écosystémiques, avec des conséquences environnementales, économiques et/ou sanitaires négatives.

    Ces espèces exotiques envahissantes (EEE faune et flore) sont aujourd’hui considérées, dans le monde, comme l’un des principaux facteurs directs de changement de la nature à l’échelle mondiale.

     

    Dynamique et impacts

    La prolifération des espèces exotiques envahissantes a de nombreux impacts notamment sur la biodiversité et les services écosystémiques. 

    • Certaines espèces peuvent se révéler très dommageables là où elles concurrencent les plantes indigènes et viennent modifier la diversité, la structure et le fonctionnement des écosystèmes. 

    • Quelques espèces possèdent également un fort pouvoir allergène ou irritant, provoquant ainsi des problèmes de santé publique.

    • Enfin, d’autres espèces influent également sur les secteurs socio-économiques en provoquant des pertes de rentabilité dans l’agriculture notamment, la sylviculture ou encore la pêche mais également en causant des dommages sur les infrastructures ou les voies de transport ou dans les secteurs du tourisme et des loisirs.

    Photos : Ambrosia artemisiifolia & Elodea nuttalli (M. Vuillemenot) 

    Les répercussions financières peuvent alors être très importantes, notamment lorsqu’on intègre les coûts pour contenir les espèces ou restaurer les écosystèmes, avec une estimation en France évaluée entre 48 et 420 millions d’euros par an (chiffre INVACOST, 2021).

    Favorisés par les perturbations, les pressions et les activités anthropiques (dégradation environnementale, commerce international, changement climatique, etc.), le coût et les impacts liés aux invasions biologiques devraient encore augmenter dans les prochaines décennies. 

    Au regard de ces nombreux impacts et de leurs répercussions financières, les espèces exotiques envahissantes constituent une des préoccupations majeures des acteurs politiques et scientifiques ces dernières années.

     

    L’action des CBN

    Les principales missions des Conservatoires botaniques nationaux (CBN) sur les plantes exotiques envahissantes portent sur la connaissance, l’évaluation, la surveillance, la formation, l’information, la recherche, la sensibilisation et l’animation de réseaux. 

     

    Les CBN peuvent également accompagner à la prévention, à la gestion, à la restauration, à la valorisation et à la réglementation liée aux plantes exotiques envahissantes. 

     

    Au niveau des CBN, les espèces végétales exotiques envahissantes (EVEE) sont mentionnées dans le Décret relatif aux CBN au sein de la mission d’intérêt général portant sur l’appui à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques et de la règlementation aux échelles territoriales, nationale et européenne. 

    En effet, les CBN contribuent d’une part à l’évaluation de la flore pour répondre aux obligations du Règlement européen relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes et travaillent d’autre part à l’élaboration des listes d’espèces exotiques envahissantes tout en assurant l’animation de plans de lutte contre certaines espèces exotiques envahissantes ou en participant à leur mise en œuvre.

     

    Crédits photos : M. Vuillemenot

    Par ailleurs, c’est bien l’ensemble des plantes exotiques qui sont étudiées par les CBN, et non exclusivement celles considérées comme envahissantes, en parallèle des missions des CBN portant sur la flore indigène. C’est pourquoi cette thématique est bien ancrée dans le réseau, avec un référent sur les plantes exotiques envahissantes présent dans chaque Conservatoire.

    L’ensemble de ces référents constitue le réseau thématique sur les plantes exotiques envahissantes du réseau des CBN, animé au niveau national par l’OFB.

     

    Au titre de la coordination "flore", le réseau des CBN a mené des actions sur :

    • la coordination nationale des actions relatives aux EVEE ;
    • la définition d’un vocabulaire commun sur les EVEE ;
    • l’animation d’un réseau national d’expertise scientifique sur les EVEE au sein des CBN ;
    • la conception de fiches descriptives des EVEE ;
    • l’élaboration d’une méthode d’évaluation et de hiérarchisation des EVEE et d’une liste nationale des EVEE pour déterminer les espèces et les actions prioritaires (dont les tests des méthodes EICAT/EICAT+) ;
    • la mise en place d’un dispositif de surveillance des EVEE, avec l’établissement d’un système d’information, une analyse des voies d’introduction et le développement d’outils de suivi ;
    • la rédaction de plans nationaux de lutte et de stratégies nationales de gestion ;
    • l’appui à la communication sur les EVEE ;
    • l'appui à la mise en œuvre du centre de ressources sur les EEE (https://especes-exotiques-envahissantes.fr/);
    • l’accompagnement sur le rapportage et la création d’indicateurs de suivi ;
    • l'accompagnement de projets et de groupes de recherche ;
    • l'intervention dans des formations et dans des congrès ;
    • le développement de nouveaux partenariats, notamment avec les filières professionnelles.

     

    Pour en savoir plus :

     

    ZOOM sur… 

    Le cas des milieux insulaires

    Les îles et presqu’îles représentent bien souvent des hotspots régionaux de biodiversité remarquable (Médail & al., 2014). Les milieux insulaires abritent une grande diversité végétale, notamment par la présence de végétaux endémiques stricto sensu et lato sensu, ainsi que par la présence de populations génétiquement isolées. 

    Plusieurs facteurs expliquent l'unicité biologique de ces flores insulaires : une paléogéographie et géologie diversifiées, un climat particulier, des situations géographiques différentes et une diversité importante concernant la morphologie, la taille et l’altitude de ces zones insulaires. 

    Contrairement au continent, les communautés et écosystèmes insulaires sont plus sensibles aux perturbations exogènes et aux invasions biologiques dont les dynamiques s’avèrent souvent plus rapides et contrastées (Médail, 2013).

    Pour exemple : 

    En raison de son insularité, la Corse présente de forts enjeux de conservation de la biodiversité et l’ensemble des acteurs concernés par la conservation de la biodiversité dans l’île ont une forte responsabilité quant à la protection et la conservation de cette biodiversité. 

    L’île est en effet considérée comme un hotspot de biodiversité dans le bassin méditerranéen et abrite une flore aussi riche qu’originale (Médail & Quezel, 1997). 

    Cette dernière, se compose de près de 2 724 taxons, dont 2 238 sont indigènes. Parmi ces derniers, 132 sont endémiques stricts et 170 sont sub-endémiques (Delage &Hugot, 2020). La flore Corse se compose également d’une importante proportion de taxons rares et très rares, qui sont au nombre de 690, ainsi qu’une grande diversité d’habitats (Jeanmonod & Gamisans, 2013). En comparaison, 64 espèces végétales exotiques envahissantes et 293 espèces végétales exotiques potentiellement envahissantes sont présentes en Corse...